Témoignage de Beth A. Jacob

"Récemment, j’ai eu le plaisir de visiter l’École nationale supérieure des beaux-arts en compagnie de Florence Jeanjean, directrice du programme France du prix Richard Morris Hunt, et de Luc Liogier, directeur de l’ENSA Paris-Malaquais. Nous avons eu le privilège de suivre sur cette visite François Chatillon, Architecte en chef des Monuments historiques. En tant que Fellow du prix Richard Morris Hunt 2017, cette expérience avait une signification particulière pour moi. Hunt, on le sait, est le premier Américain à avoir intégré l’ancienne École des beaux-arts. Cette expérience formatrice, conjuguée avec ses voyages à travers la France et l’Europe, nourrit son approche de l’architecture. Lorsqu’il regagne les États-Unis en 1855, Hunt amène avec lui un enthousiasme et un désir de transmettre ce qu’il a appris en Europe. Inspiré du modèle Beaux-Arts, il joue un rôle pionnier dans l’élaboration de nouvelles approches pédagogiques de la formation et de la pratique architecturales. Il œuvre aussi pour la reconnaissance professionnelle de sa discipline puisqu’il est membre fondateur de l’American Institute of Architects, institution que, plus tard, il présidera. L’ensemble de son œuvre bâtie tend à répandre le style « Beaux-Arts » qui devient à la mode aux États-Unis.

Parcourant les cours et couloirs des Beaux-Arts, je me disais que Richard Morris Hunt avait dû traverser ces mêmes espaces. Que pensait-il lorsqu’il assistait aux cours de l’amphithéâtre d’honneur, au sein du palais des études ? S’était-il arrêté pour admirer les fresques des murs et les plafonds peints de la cour du Mûrier ? Quelle inspiration a-t-il pu tirer de la collection de sculptures dans la chapelle ? En faisant connaissance de ces lieux, j’ai l’impression de marcher dans ses pas. Et en effet, je ne suis pas seule dans cette démarche. Face à un monument érigé par les étudiants américains dans les années 1930, geste de leur reconnaissance envers l’École, je me rends compte de mon inscription dans cette lignée. On trouve aussi dans les jardins un cerisier du Japon, planté par le Richard Morris Hunt Prize en 2015 pour fêter ses 25 ans.

La notion d’échange culturel entre la France et les États-Unis est au cœur du Richard Morris Hunt Prize. Ce programme intensif de six mois est une occasion unique de s’engager et d’apprendre avec une gamme très riche de praticiens de l’architecture en France, comprenant les dirigeants de services de l’État ou des collectivités, ainsi que nombre d’architectes en chef des Monuments historiques. Il est ensuite capital de transmettre à un public plus large les connaissances acquises, les idées développées et l’inspiration cultivée à travers ces échanges, à l’instar de Richard Morris Hunt il y a 150 ans."