Visite du bâtiment d'accueil du musée de Cluny avec l'architecte Bernard Desmoulin
Nominé au Prix Mies van der Rohe en 2019, ce bâtiment d’accueil s’inscrit dans le programme de modernisation de l’ensemble du musée qui comprend la restauration des vestiges et des parties antiques réalisée par Paul Barnoud, architecte en chef des monuments historiques et la restructuration du musée en cours par Bernard Desmoulin, avec Adrien Gardère pour la scénographie.
Le 7 décembre dernier, Robert Ivy, président du jury du RMPH, FAIA, Executive Vice President et CEO de l’American Institut of Architects (AIA), James Walbridge, President de l’Architects Foundation (AF) et Michèle le Menestrel Ullrich, French Heritage Society Founding President and RMHP Founder, Co-Chairmen du Prix ont eu le plaisir d’être accueilli au musée de Cluny musée national du Moyen-âge par l’architecte Bernard Desmoulin, pour une visite du bâtiment d’accueil qu’il a réalisé.
Architecte et membre de l’Académie des Beaux-arts, Bernard Desmoulin est connu pour la justesse de ses interventions contemporaines dans des sites classés ou remarquables (Salle Pleyel, Musée Rodin, Palais du Louvre, zona Rosa à Mexico, Abbaye de Cluny, Aménagement du Grand Commun du Château de Versailles, Port Royal des Champs ou encore un étang dans un paysage du Vexin).
A Paris, à l’articulation des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain, Le musée national du Moyen-Age résulte de l’imbrication de trois ensembles : les thermes antiques, l’Hôtel des abbés de Cluny et les interventions du XIXème ayant mené à la construction du musée. Si tous appartiennent à un seul musée, un seul site et presque un seul îlot, ils souffraient d’un déficit de visibilité d’ensemble et de lisibilité de l’entrée que le bâtiment d’accueil a su pallier. Dans ce contexte historique exceptionnel et insolite au cœur du Paris historique où toute construction devient un évènement urbain, cette nouvelle pièce revendique sa présence tout en s’imprégnant d’un sentiment de responsabilité pour redonner au site un éclat supplémentaire, cela dans une « Logique du moindre impact » pour les structures existantes.
Dans l’enveloppe volumétrique autorisée, le bâtiment d’accueil dut respecter les prescriptions architecturales et patrimoniales ayant aidé à la création en douceur, d’une fusion entre l’importé et l’existant. Frôlant l’imposante silhouette des thermes et appuyant sa physionomie sur une compression historique, sa volumétrie teste avec franchise un scénario qui compose avec l’ensemble de ces strates, une harmonieuse singularité urbaine et patrimoniale.
Les principes fondateurs du projet reposent sur les intentions suivantes
Privilégier la visibilité de l’accueil depuis le boulevard Saint-Michel en créant un édifice détaché du contexte archéologique par l’aspect de sa matière : une vêture métallique en fonte d’aluminium. Cette enveloppe préserve totalement la lisibilité et la silhouette des volumes anciens. Sa légèreté, ou sa fragilité apparente, née d’un habillage et d’une composition incertaine à la patine contrôlée instaure une situation contrastée (légèreté d’une vêture métallique partiellement dentelée opposée aux masses lapidaires structurelles) qui recherche une dimension poétique et intemporelle dans sa connivence avec le « déjà là ».
De larges aplats de guipures métalliques éparpillées sur la vêture ornementent les façades d’un motif emprunté aux dentelles de pierre sculptées repérables dans la salle de la Chapelle. Elles transforment les ouvertures en signal culturel et diffusent à l’intérieur une lumière graphique et tamisée.